
Tous les ans, � la veille de No�l, entre l'�glise et la Mairie, s'�l�ve une sorte de tour de bois comme on n'en voit nulle part ailleurs. C'est le travail des employ�s municipaux qui s'activent � empiler de gros troncs de pins sur pr�s de trois m�tres de hauteur devant la mairie. Leur savoir faire permet d'en �viter l'�croulement. Autrefois c'�taient les bouviers qui se chargeaient de cette tache et leurs b?ufs �taient chamarr�s pour la f�te. Cette architecture pour un "feu de joie" est tout � fait particuli�re.
Le soir venu, � la sortie de la messe, le b�cher allum� devient la ?Tor�le? qui illumine et r�chauffe les passants. L'�v�nement est tr�s convivial et impressionnant. Quelle que soit l'heure de la nuit, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente, des familles, des curieux, des passants se pressent autour du b�cher qui d�gage une chaleur bienfaisante et d�gustent un verre de vin chaud.
Son origine l�gendaire remonte � la nuit des temps, � une �poque o� des envahisseurs auraient mis � sac Capbreton, br�l� les maisons, pill�, massacr� jusqu'aux enfants...
Le fleuve ?Adour?, aujourd'hui � Bayonne, d�bouchait alors � Capbreton. C'est l� que les pillards pouvaient accoster pour remonter le fleuve et attaquer les villes travers�es.
Or, nous dit la m�moire locale, par une nuit de No�l on les vit revenir. On distinguait au large les voiles mena�antes et on savait qu'ils �taient dispos�s � recommencer leurs m�faits!
Cette fois les Capbretonnais d�cid�rent de s'organiser et d'effrayer l'adversaire. Pour bien montrer qu'ils �taient pr�ts � se d�fendre, ils eurent l'id�e d'allumer, face � la mer, un b�cher bien haut et bien large, b�ti de troncs entiers et dont le feu �clairaient les dunes � l'entour. Puis le village passa et repassa devant les flammes dansantes. Les ombres projet�es alarmant l'ennemi, il cr�t avoir affaire � une grande foule dont il aurait du mal � venir � bout.
Le stratag�me r�ussit, les attaquants rest�rent au large puis partirent attaquer Bayonne.
Apais�s et joyeux, les Capbretonnais d�cid�rent de comm�morer cette victoire sans bataille. C'est ainsi que, tous les ans au soir de No�l, on peut se r�chauffer au feu joyeux de la ?Tor�le?.
Quelques traces de la Tor�le ont �t� retrouv�es apr�s la R�volution. Pour en savoir plus, il faudrait entreprendre une recherche syst�matique dans le kilom�tre d'archives qu'on trouve aux Archives d�partementales de Mont-de-Marsan.
On ignore l'origine du mot �Tor�le�. Deux hypoth�ses sont en lice. La premi�re est qu'il pourrait venir du mot �tourelle�, du fait justement de son architecture. La seconde, moins cr�dible, sugg�re qu'il serait issu du gascon. Dans cette langue, �que torre� signifie �il g�le�, comme certains soirs de No�l ... mais pas � Capbreton, bien sur.
Anne-Marie Bellenguez
4 d�cembre 2003
La Tor�le, Torele, torrelle, torrele, torrele ...etc. |