LES INCENDIES DE BAYONNE Anne-Marie Bellenguez
- Parce que l'incendie a touch� un b�timent public
Smblables � celles de nos jours, peuvent �tre classifi�es en imprudences, causes climatiques, malveillance ou incendie politique .
- Les accidents dus aux feux de chemin�e sont fr�quents. On comprend mieux en suivant, les experts dans leurs visites des maisons. Ils en donnent des descriptions �tonnantes : Des foyers sont � m�me le plancher, sans tuyau. "Sur le ciel du lit tout proche sont entass�s de petits fagots , les hardes sont pr�s du feu ..." en 1709,(DD 156 15), en 1745,(DD 157) , Cet �tat d'inconfort qui nous stup�fie, mais est si fr�quemment cit� , r�sulte d'une �conomie fiscale : Pour ne pas �tre tax� par "feu", on ne construisait pas de chemin�e! - De m�me l'arr�t� portant prohibition d'allumer quelque feu la nuit sur les navires est maintes fois r�it�r�. Il faut dire que la technique de calfatage des bateaux repr�sentaient un danger r�el d'incendie . Les moyens de propagation : A l'origine de l'Etablissement de Bayonne, Les toits �taient de chaume, nous dit Ducer� et recouvraient des maisons en bardeaux, tr�s rapproch�es . C'est le grand incendie de 1290 qui, toujours d'apr�s Ducer�, marque une date dans le d�sir de la pr�vention. Pourtant Vauban, qui, en 1681 �tudie la construction de la Citadelle , craint encore un embrasement, selon lui in�vitable en cas de si�ge, � cause des charpentes en bois, des encorbellements, des rues resserr�es.
Causes climatiques La foudre frappe la cath�drale en 1660, en1701,en 1741, en 1755.etc.. (Ducer�, Histoire de Bayonne) D�s 1310, une bulle papale de Cl�ment V atteste que la cath�drale de Bayonne a �t� an�antie par la foudre. (Bayonne Elie Lambert 1958). Malveillance, le crime d'incendiaire - Une nuit de 1752, Elie Brandon, commer�ant rue du Port Neuf, perce le mur du de la boutique d'Abraham L�vi son voisin et s'y sert en marchandises. Ensuite il place dans le magasin une chandelle allum�e qui devra mettre le feu, referme le trou et rentre chez lui. Mais une lueur dans un magasin ferm� donne l'alarme. Il y a vite un attroupement, la descente du Maire et de Messieurs les officiers du S�n�chal. - C'est encore un incendiaire qui, en 1723 (DD 156 18 ) embrase une partie de la digue du Boucau. Le feu a �t� aliment� de loin en loin par de la paille ... - En 1735, Navarret, pr�pos� � la garde des pignadars, d�couvre qu'une personne mal intentionn�e a mis le feu � du bois fra�chement d�bit�, (l'�quivalent d'une charrue et demie) et les flammes ont gagn� sur 7 ou 8 pins sur pied. - Un autre sinistre, attribu� � de la malveillance d�truit, le 22 avril 1824 , le ch�teau de Marrac, propri�t� de Napol�on I˚. il y passa trois mois au milieu d'une cour fastueuse. On a conserv� les ruines de la chapelle, prot�g�es par un arr�t� de conservation. - Dimanche 14.09.1919, les ar�nes sont pleines et le soleil est ardent. Ce jour l�, trois des six taureaux pr�vus, retenus � la fronti�re hispano-portugaise par suite de malentendus, n'arriveront pas et la course sera �court�e de moiti� Le public furieux scande "Palha est pas l�" (c'�tait le nom de la ganaderia portugaise qui devait les fournir). Puis, fatigu�s de s'�poumoner, voyant tomber la nuit, quelques exalt�s jettent p�le-m�le banquettes et chaises au milieu de la piste, y mettent le feu. Il suffira de quelques chaises enflamm�es lanc�e sur les gradins ou sous les galeries couvertes de bois pour que les ar�nes de Lachepaillet soient consum�es. Il faudra attendre un an pour qu'elles soient reconstruites et r� ouvertes.
Incendie politique ou par fait de guerre L'�glise Sainte-Marie de Bayonne aurait �t� br�l�e, en 864, nous dit Ducer�, ainsi que monast�res et maisons avoisinantes pour �lever un temple � Odin, Dieu de la guerre des Normands. 12 septembre 1916, c'est la terreur dans le quartier de la poudrerie de Blancpignon qui a pris feu et dont les explosions �branlent Bayonne. (Henri Jeanpierre 1980 SLA Bayonne) .
Un moyen inattendu de propagation est attest� en 1719 lors de l'embrasement de la Tour de Sault. (27.11.1719 DD 156 17). Le soldat de garde constate que la chandelle allum�e par ses soins a �t� enlev�e et tra�n�e jusqu'� un amas de paille.
Les moyens de lutte contre l'incendie : La pr�vention, l'eau, les seaux, les pompes � incendie et surtout les soldats du feu.
La pr�vention - En 1290, l'assembl�e des 100 pairs ordonne que toutes les couvertures de chaume disparaissent et soient remplac�es par des toitures en tuiles � canal. (Ducer�). Il y a eu assez t�t prise de conscience de la part des autorit�s, La pr�vention vise certaines professions r�put�es "� risque", mais les contrevenants nombreux obligent � reconduire menaces et arr�t�s. - C'est ainsi que l'on pourra obliger des boulangers � d�molir leur four � cause du danger imm�diat. Ce sera la cas en1709, (DD 156 13), pour deux boulangers dont les fours sont ouverts sur le devant jusqu'au dessus du toit, sans chemin�e . - Les forges posent de gros probl�mes et la politique � leur �gard changera au long des temps. - On tient compte en cela de l'opinion publique. C'est ainsi que, en 1723, le sieur Courthiau qui fait fondre journellement au bourgneuf de la graisse de baleine doit transporter sa chaudi�re hors la ville "� cause de l'odeur et du danger". - En 1741 on exigera un ramonage quatre fois par an, principalement � l'entr�e de l'hiver. (DD 156.94) . On recevra une amende de 50 livres chaque fois qu'il y aura un feu et le double si le feu a pris pendant la nuit. Comme les amendes seront � partager moiti� pour le d�nonciateur,moiti� pour la ville, et il y a de multiples dossiers � traiter.(DD156 81 ...) Le ramonage obligatoire �tait traditionnellement effectu� par les charpentiers de maisons, aid�s de savoyards qui offraient leurs services, l'hiver. Or, en 1740, deux Savoyards proposent, au Corps deVille, de se fixer � Bayonne � l'ann�e et de � s'y installer toute leur vie �, contre le privil�ge du ramonage. DD 156 ). Il s'agit de Joseph Guillot et d'Aym� Virb� Roullet. - En 1889, apr�s l'incendie de l'H�tel de Ville et des mus�es, on veille � ne plus regrouper ensemble toutes les ?uvres d'art et les collections.
L'eau. Les Puits Dans la lutte contre les incendies, la question de l'eau est primordiale. - En ao�t 1724 , l'intendant De Lesseville �crit : "Il est d'une n�cessit� pour ainsi dire indispensable d'avoir une fontaine dans la ville... avec un r�servoir au milieu de la place du march� pour satisfaire aux cas impr�vus. (DD 159) Les propositions de fontainiers se succ�dent, mais les essais sontd�cevants. - Les Archives de Bayonne ne disent pas si les Bayonnais ont pu utiliser autre chose que de l'eau pour �teindre un d�but de feu. En revanche dans le livre des "Etablissements de Dax" on peut relever le cas de figure inattendu d'une personne qui, faute d'eau, se servirait de vin ou de cidre pour �teindre le feu et qui doit donc �tre indemnis�e pour le sacrifice qu'elle a fait en faveur de la communaut� Les seaux, cruches et paniers - Pour transporter l'eau, la ville paye le 6.10.1696, 92 cruches qui ont servi lors d'un incendie rue Pannecau, ainsi que 6 pelles de bois (DD 156 11). Elle poss�de aussi des seaux et paniers dont les mod�les en usage dans la premi�re moiti� du XX˚ si�cle, n'auront pas chang�s. Ils sont en toile blanche cir�e cercl�s d'osier, en veau cir� ou en mouton. En 1741 Christophe Rossi pr�sente une facture pour la peinture de 52 paniers.(DD 156.95) On se plaint d�j� de cette attitude en 1740 (DD 156 79 ) Les contrevenants d�ciouverts, c'est-�-dire d�nonc�s, devront payer 100 livres d'amende, dont la moiti� ira au d�nonciateur.
Comme l'�crit 01.08.1724 l'Intendant de Lesseville (DD159 pi�ce 31) � la suite d'un incendie rue de la Poissonnerie "Les pompes et les seaux sont une grande ressource...mais il faut savoir s'en servir..." Un artisan bayonnais propose, en f�vrier 1790, une id�e originale qui ne sera pas retenue: il veut construire une pompe tra�n�e par une gabarre (BB 64 ) Les Soldats du feu Pendant longtemps il n'a fallu compter que sur la bonne volont� de tous les sans grades, souvent victime de leur d�sorganisation. Peu � peu l'arm�e intervient de fa�on r�guli�re, � l'appel du tocsin (1736). En 1737, les pompes nouvellement achet�es demandent une maintenance. Trois Bayonnais sont charg�s de leur entretien et de leur exercice en cas d'incendie" : Guillaume Boub�e, puis son fils Pierre; Christophe ROSSI et Etienne CABARRUS, voilier qui entretient aussi les seaux. En 1741, une ordonnance de Dulivier s'adresse � tous les ma�ons, charpentiers, recouvreurs et ramoneurs pour qu'ils se rendent, u premier signal, � l'endroit o� sera le feu, � peine de 10 livres d'amende contre chaque d�faillant. En 1744, les pompes sont en service, et pourtant les soldats de la garnison restent arm�s de cruches pour remplir les seaux, afin d'�teindre le feu le 09.08. 1793 ( Chambre de commerce J 15) �tablit l'ordre � observer par la garde nationale en cas d'incendie alors qu'on bat la g�n�rale. La r�glementation est plus pr�cise mais toujours peu efficace. En 1804 on signale que les militaires et les charpentiers r�ussirent � isoler le foyer de l'incendie et que les pompes furent actionn�es "avec intelligence". (M.Hourmat ) Il y a un r�el progr�s !
Il faudra, par exemple, payer les frais de d�tachage au capitaine qui a sali son habit en 1744 (DD 157). A c�t� de cela aucune assurance n'existe pour les propri�taires, encore moins pour les locataires. En France, et � Paris, il faudra semble-t'il attendre 1717 pour trouver les balbutiements d'un bureau des incendies. La chambre d'Assurances G�n�rales contre l'incendie de Paris en 1753 et la Compagnie Royale d'Assurances de 1786 dispara�tront � la R�volution. Et comme toujours, h�las, l'aubaine du pillage, latente, c�toie les actes d'h�ro�sme. Les archives parlent de "Ceux qui profitent du trouble et de la confusion que causent les incendies". Apr�s le drame de 1736, on d�nombre l'enl�vement sous pr�texte de les sortir des flammes, de meubles, marchandises et argent, bijoux . .. que l'on a jamais revus. Quant aux morts , ils sont anonymes. Impossible de faire un �tat des hommes, femmes, enfants, sauveteurs qui furent br�l�s vifs (1736 DD 156) . Ils repr�sentent pourtant l'aspect humain le plus important et l'enjeu d'une lutte qui prend l� toute sa dimension.
De nos jours la pr�vention est le ma�tre mot des sapeurs-pompiers. Gr�ce � la g�n�ralisation des mat�riaux ignifug�s et des d�tecteurs, la lutte contre l'incendie n'est plus leur fonction principale. Actuellement, le Centre de Secours Principal dispose de On est bien, bien loin des soldats porteurs de cruches ou de seaux mais, au long des si�cles c'est la m�me ardeur qui les porte � secourir leurs semblables et la m�me force d'�me. Ils doivent rester fermes et lucides dans des ambiances de cauchemars Anne-Marie Bellenguez pour :"L'Adour maritime de Dax � Bayonne" Actes du LIII�me congr�s d'�tudes r�gionales de la F�d�ration historique du sud-ouest,tenu � Dax et � Bayonne, les 27 et 28 mai 2000. (F�d�ration historique du Sud-Ouest; Soci�t� de Borda; Soci�t� de Sciences lettres et arts de Bayonne)
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